Appelé patou, pastou en occitan (du vieux français « pastre » qui signifie berger), ce terme désigne à l’origine une race de chien, le Montagne des Pyrénées puis, par extension, tous les chiens destinés à protéger un troupeau ovin ou caprin.

Quel est son rôle ?

Le chien de protection est avant tout un chien avec un instinct développé et une part de prédateur.

Pour protéger leurs troupeaux contre divers prédateurs, les éleveurs ont adopté un chien qui possède de bonnes aptitudes physiques et mentales. Le chien de protection naît au milieu du troupeau et vit 365 jours par an, 24 heures sur 24 avec le troupeau. Il veille sur le troupeau comme s’il en faisait partie.

Ce chien de protection, a pour rôle de dissuader tout intrus de s’approcher du troupeau. Ce n’est pas un chien de compagnie et encore moins un chien d’attaque. Sa mission est bien différente de celle du chien de conduite qui rassemble et mène le troupeau.

Cette dissuasion est essentiellement basée sur une présence physique grâce à une morphologie imposante et des aboiements puissants, des déplacements au sein du troupeau et la capacité de s’interposer.

Le chien de protection travaille de façon autonome, il accompagne son troupeau et veille sur lui sans relâche, nuit et jour. Dès qu’il détecte un élément perturbateur dans son environnement, il donne l’alerte en aboyant et peut s’interposer entre le troupeau et la perturbation. Si sa mise en garde ne suffit pas, il peut aller jusqu’à l’affrontement.

À savoir
Environ 300 chiens de protection travaillent au côté des éleveurs sur le département de la Haute-Savoie.

Les chiens de protection sont nécessaires à la protection des troupeaux depuis le retour du loup en France. La prédation du loup sur les troupeaux est globalement en augmentation, depuis les années 1990. Le loup est actif toute l’année, surtout à l’aube et au crépuscule et il peut parcourir une trentaine de kilomètres en une nuit.

Le loup exerçant une forte pression de prédation la nuit, les chiens de protections sont souvent en alerte pendant de longues heures afin de déjouer les approches du prédateur. En journée avec un temps clair et un paysage ouvert les conditions sont moins propices aux attaques, donc le chien de protection peut se permettre d’être moins en alerte et de se reposer.

Quels sont les bons gestes à adopter ?

La présence des chiens de protection en alpage doit être prise en compte quand on randonne : il est nécessaire d’adapter son comportement en cas de rencontre avec ces chiens, indispensables à la protection des troupeaux.

Les chiens restent des animaux avec leur caractère propre. Il est donc impossible de déterminer avec certitude leurs réactions. A l’approche du troupeau, l’important est de savoir analyser le comportement du chien et de s’adapter.

L’’intrusion de tout élément étranger au troupeau peut perturber le travail du berger et met le chien de protection en alerte.

A votre approche, le chien de protection aboie et vient vous flairer pour vous identifier. Voici quelques conseils afin que votre rencontre se passe dans les meilleures conditions possibles :

A la vue du troupeau :

– ralentissez votre allure, et signalez-vous au chien (sifflez, parlez fort, chantez…)

– si vous êtes à vélo, ralentissez et descendez de votre vélo, le mouvement rapide peut entraîner un comportement de poursuite.

– si vous courrez, arrêtez-vous le temps de dépasser le troupeau…

– contourner le troupeau dans la mesure du possible, le plus largement possible

A l’approche du chien :

L ‘objectif est qu’il vous identifie en tant qu’humain et qu’il ne perçoive pas d’agressivité dans votre attitude ou comportement.

– Immobilisez-vous face au chien, les bras et bâtons de randonnée le long du corps, ne le regardez pas directement dans les yeux.

– Laissez-lui le temps de vous identifier et de se rassurer : parlez-lui, adoptez des signes d’apaisement (bailler, détourner le regard, …).

– Vous pouvez éventuellement retirer les éléments qui pourraient l’empêcher de vous reconnaître : cape de pluie, casquette…

– Si vous avez peur, n’hésitez pas à mettre un objet ou vêtement entre le chien et vous.

Dès qu’il se calme, poursuivez votre chemin doucement tout en restant face à lui.

Tenez donc votre chien en laisse et lâchez-le si il y a une interaction avec le chien de protection ; ils régleront la situation entre chiens. Si le chien de protection ne se calme pas ou que vous estimez être en danger, n’insistez pas. Reculez lentement, toujours face au chien, et après quelques mètres faites demi-tour.

Lorsque vous pratiquez une activité sportive qui engendre de la vitesse (trail, VTT), adoptez les mêmes comportements : arrêtez-vous, descendez du vélo, et montrez des signes d’apaisement. Pourquoi dois-je interrompre mon activité ? Car le mouvement attire l’œil du chien, et la vitesse ne laisse pas le temps au chien de m’identifier. Je risquerais de déclencher un réflexe de poursuite.

Des comportements à éviter :

– Ne pas être familier avec un chien de protection : caresses ou nourriture le perturbent dans son travail

– Certaines attitudes qui vous semblent anodines comme crier, caresser un agneau, prendre une photo avec une brebis peuvent être interprétées comme une agression par le chien de protection

– Ne jamais menacer un chien de protection avec vos bâtons, avec des cailloux ou le fixer dans les yeux, … cela va accentuer son stress à votre égard

– Attention de ne pas surprendre le chien dans son sommeil : il pourrait réagir vivement à votre présence.

Partagez votre expérience, positive ou négative en cliquant ici. Ce questionnaire a pour objectif de recenser les expériences de rencontres avec des chiens de protection afin de travailler à l’amélioration de la cohabitation entre les usagers de la montagne. Ce questionnaire est aussi la principale source de recensement des incidents liés aux chiens de protection. Il permet aux services pastoraux et aux services de l’État d’intervenir localement en cas d’incidents.