Qui n’a jamais rêvé de monter dans une dameuse et de se retrouver seul dans les montagnes au soleil couchant ? Nous sommes partis à la découverte des dameurs, ces femmes et ces hommes au métier méconnu qui jouent pourtant un rôle majeur dans l’entretien des pistes de ski et des chemins de randonnées pédestres. C’est grâce à eux que nous pouvons skier et randonner tous les jours, sans risques, sur des pistes entretenues. On vous emmène donc avec nous à leur rencontre !

La dameuse

Vous avez sûrement déjà croisé une dameuse sur les pistes de ski de fond ou de ski alpin. Mais savez-vous comment cette machine fonctionne ?

La dameuse est un véhicule spécialement conçu pour rouler sur des terrains enneigés plus ou moins pentus grâce aux chenilles qu’elle possède de chaque côté.

A l’avant, on y trouver une pelle, à l’arrière une fraise et au centre la cabine de pilotage.

La pelle permet d’enlever l’excédent de neige tandis que la fraise se compose d’un gros rouleau plein de dents qui malaxe la neige et d’un lisseur, qui a pour but d’aplatir et unifier la neige à la surface laissant ces stries si emblématiques d’une piste comme neuve !

Alors oui, vous me direz, il y a une petite particularité que l’on retrouve sur les pistes de ski de fond : les deux traces parallèles destinées au ski de fond classique. La dameuse est équipée spécialement d’un ou deux patins, positionné soit d’un seul côté soit des deux côtés, qui peuvent être abaissés ou non en fonction des besoins.

le dameur an train de damer les pistes de ski de fond du domaine nordique de beauregard

La dameuse utilisée au domaine nordique du Plateau de Beauregard est un petit modèle. Elle pèse seulement 11 tonnes et peut même atteindre une vitesse de pointe de 12 km/h. Cependant, la plupart du temps, elle ne roule qu’à une vitesse moyenne de 3 km/h !

Les dameurs de Beauregard utilisent aujourd’hui un modèle assez ancien qui devrait être prochainement remplacé. C’est pour cela, que la semaine dernière, une dameuse leur a été prêtée par le vendeur afin qu’ils puissent tester avant d’acheter. Il faut savoir que ce type de machine coûte plusieurs centaines de milliers d’euros… La dameuse qu’ils possèdent actuellement leur avait coûté environ 250 000€ d’occasion à l’époque !

Qui sont ces femmes et hommes de l’ombre ?

Le domaine nordique du Plateau de Beauregard fait partie de l’AGAT (Association de Gestion des Activités Touristiques du Plateau de Beauregard), une association qui regroupe les 4 communes présentes sur le plateau de Beauregard (Thônes, Les Villards-sur-Thônes, Manigod et La Clusaz) ainsi que les différents propriétaires terriens.

Sur le domaine nordique du Plateau de Beauregard, ils sont 3 à travailler durant la saison d’hiver.

Alain…

… que nous avons pu rencontrer, est champenois d’origine et haut-savoyard d’adoption depuis maintenant 10 ans. Il a été notre guide durant cette sortie en dameuse à la fermeture des pistes de ski de fond du domaine. Il est moniteur de parapente l’été en France. Avant de venir travailler à Beauregard, il partait passer l’hiver sur l’Ile de la Réunion où il enseignait le parapente. Il est donc maintenant pisteur / secouriste / dameur en hiver. Un choix qu’il ne regrette absolument pas, nous a-t-il confié.

J’adore travailler à Beauregard, c’est un cadre de travail magnifique. C’est un métier que j’ai choisi par passion. 

Benoît…

… est le responsable du domaine nordique de Beauregard et exerce le métier de pisteur / secouriste / dameur. Benoit est également moniteur de parapente en été. C’est d’ailleurs comme cela qu’il a connu Alain et qu’il lui a proposé de venir travailler à Beauregard avec lui l’hiver.

Marlène…

… quant à elle est maître-nageur l’été et pisteuse / secouriste / dameuse l’hiver à Beauregard.

Les 3 employés du domaine de ski de fond de Beauregard ont un travail assez varié à temps plein. Tous trois s’occupent aussi bien de l’accueil client, de l’encaissement des forfaits au chalet et du secours aux personnes en cas de besoin, même s’il est vrai « qu’il n’y a pas de gros pépins en ski de fond, beaucoup moins qu’en ski de piste ». Tous 3 s’occupent également du damage de l’ensemble du domaine, sans oublier l’entretien de la dameuse. En effet, Alain nous confie que la dameuse nécessite un entretien régulier et des petites attentions quotidiennement.

C’est très important car il y a beaucoup de points de graissage à faire. Pour tout ce qui est mécanique moteur, on s’adresse directement à des spécialistes. 

Immersion dans la dameuse

Un petit tour en dameuse

Le damage s‘effectue soit le soir après la fermeture des pistes au public, soit le matin avant l’ouverture au public… et même parfois les deux. La décision est prise en fonction des conditions météorologiques prévues. S’il neige dans la nuit, le damage se fera le matin, au contraire, s’il gèle la nuit sans chutes de neige, le damage se fera le soir. Alain nous explique :

Tout est réfléchi à l’avance selon la météo mais également selon le type de pratique de ski. Le ski de piste ne nécessite pas des pistes gelées, donc le dameur travaille généralement le matin. Au contraire, les fondeurs apprécient particulièrement des pistes qui ont gelé dans la nuit, car elles procurent une bonne sensation de glisse.

Ce jour-là, nous retrouvons Alain aux alentours de 16h30, au départ des pistes de ski de fond à la Croix Fry. Nous partons en trombe, à 2km/h… le temps de croiser les derniers skieurs qui redescendent au parking. Dans la cabine chauffée, nous ne nous rendons pas compte qu’il commence déjà à geler dehors. Au passage des Crulets, -7,5°C. Nous évoluons donc doucement, et bruyamment, pour prévenir les retardataires de notre présence. Un panneau au pied des pistes de ski de fond indique que le damage est en cours !

Informations : par respect pour leur travail il est important de ne pas pratiquer le ski de fond en dehors des horaires d’ouverture des pistes. En effet, si des traces sont faites après que le dameur est passé, il sera obligé de repasser à nouveau à cet endroit car si la piste est mal damée et qu’il gèle, cela peut être très dangereux pour les premiers skieurs du matin.

L’itinéraire est souvent le même. Alain comme ses collègues connaissent le plan des pistes et le domaine par cœur (emplacement des rivières, des trous…). C’est une des clés de la réussite dans ce métier. Sinon, pour la conduite de la machine en elle-même, Alain a appris sur le tas. Il a reçu une formation de base à la conduite d’engin de damage lorsqu’il a passé son brevet national de pisteur secouriste (BNPS) option ski nordique.

Le damage dure environ 3h pour damer les 15 km de pistes de ski de fond et les 6 km de sentiers pédestres. Le Plateau de Beauregard étant une zone classée Natura 2000, les dameurs ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent.

On ne peut pas tracer de nouvelles pistes comme on le souhaite, il faut respecter l’écosystème. Une fois on a essayé de damer une nouvelle piste et on s’est fait remettre en place par l’organisme Natura 2000. 

Le conseil d’Alain :
Les débutants en ski de fond préféreront les pistes l’après-midi car la neige est plus molle l’après-midi avec le soleil et le réchauffement de la journée.

Le poste de pilotage

Tout est question de dosage dans le damage… La cabine de pilotage est bien particulière : pas de volant ni de levier de vitesse. A la place, un écran, des boutons électroniques et un joystick.

Depuis son écran de contrôle, le dameur gère le malaxage et la pression qu’exerce le lisseur sur la neige. Le dameur a, sans cesse, les yeux rivés sur son rétroviseur pour vérifier le damage effectué. D’un simple regard, il peut ainsi régler et ajuster la pression exercée par le lisseur situé à l’arrière de la machine. Si la neige est trop aplatie par le lisseur, avec l’effet du gel la nuit, la piste sera une patinoire le lendemain matin. Il faut donc trouver le bon dosage selon la texture de la neige et les conditions météorologiques (températures, chutes de neige…)

Les risques du métier

Le métier de dameur(se) comporte tout de même quelques risques. Alain nous confit :

Ici à Beauregard, nous avons très peu de risques d’avalanche. C’est plus à craindre pour les dameurs qui travaillent sur les pentes raides, principalement en ski de piste. Comme on est sur un plateau le risque est limité. Il y a juste la piste sous Colomban qui peut être parfois risquée, on préfère donc la fermer au public pour plus de sécurité. 

Lorsqu’il neige beaucoup, la visibilité est réduite, les dameurs doivent parfois sortir de la cabine pour retrouver le chemin à prendre et éviter de tomber dans un ruisseau ou un trou. Cela est déjà arrivé à Alain :

Une fois, je me suis mis dans le ruisseau. J’ai dû appeler les collègues qui travaillaient sur les pistes de ski alpin pour qu’ils viennent m’aider. La dameuse est quand même restée deux jours dans le ruisseau avant qu’on puisse la sortir… 

Infos pratiques

Le domaine nordique de Beauregard est ouvert aux fondeurs et randonneurs tous les jours de 8h30 à 16h30. A partir du 1er février le domaine est ouvert de 8h30 à 17h tous les jours.

Les tarifs pour la saison 2020 – 2021 :

  • Forfait journée adulte = 9€
  • Forfait journée jeune = 5€
  • Forfait demi-journée adulte = 8€
  • Forfait demi-journée jeune = 4,5€

D’autres tarifs sont disponibles directement sur le site internet du domaine de ski de fond de Beauregard.

Vous pouvez également retrouver un 2ème domaine nordique pour pratiquer le ski de fond en toute sérénité sur notre territoire Thônes Cœur des Vallées : le Plateau des Glières. Tous les renseignements sont accessibles sur leur site internet.

Les consignes à respecter

Comme évoqué précédemment, il est important de respecter les horaires d’ouverture des pistes pour 2 raisons :

  • Pour votre propre sécurité, afin d’éviter tout accident
  • Pour respecter le travail des dameurs

Si des skieurs ou des piétons passent sur les pistes qui viennent d’être damées, le dameur devra alors repasser une seconde fois pour que la piste soit parfaite pour le lendemain matin. C’est surtout le cas lorsque le damage se fait le soir, car la piste gèle dans la nuit et les traces de ski ou de pied sur la piste peuvent causer des chutes ou des accidents plus ou moins graves.

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